POÈME DU MOIS (MAI 2024)

Vie de bloc 5


bienvenue

et bravo !

nouveau proprio

proprio à numéro

ving-huit cinquante

tiret zéro machin-chose

québec inc.

fraîcheur

espoirs et renouveau

acquisition rapide

toute en liquide

pour flip cupide

bout de tuyau ici

touche de peinture là

plâtrer sommairement les dégâts

chasser les chauve-souris

et les fuites de l’entretoit

rafistoler la porte branlante

combler de gravier

quelques trous béants

de type bombardement

dans le stationnement

un sent-bon dans le couloir

pour masquer les relents

de moisissures noires

pif paf le tour est joué 

gros minimum 

de ramanchage

maximum d’hommages

au roi du patchage

le prochain numéro 

québec inc. 

visitant les lieux

n’y verra que du feu


pendant ce temps

captifs locataires

paient le loyer 

de leur shack

par simple 

virement interac

 


POÈME DU MOIS (Avril 2024)

Saint-Léonard-de-Port-Maurice 1


absorbé à gamberger 

sur des couloirs du passé

je trébuche je m’affale 

retrouve le sous-sol familial 

de l’est de montréal

nouvellement débarqué

comme les viets 

le coeur en miettes

transmuté en bloc-people


dans ma chambre

à la fenêtre du haut du mur

défilent en alternance

pattes de chien 

jambes de voisin

aussi un chat pisseur

qui s’entête

à y marquer son territoire

ça schlingue les vieux hangars

ça suinte la rue panet

si ce n’était que cela


me remémore 

le fond de tonne 

l’odeur infecte du bonhomme

pathétique père qui se perd 

amer au fond de sa bière

affalé sur sa chaise 

pointe un doigt tremblant

terrorise sa grosse 50

garroche fielleux reproches

tout ça c’est ta faute

à une bouteille impavide


il y a aussi les oeufs pourris 

des raffineries

la fumée des puffs 

de matinée king size

quelquefois une embellie

le sapin de noël 

qui sent les cadeaux

le parfum enrobant 

la blonde de mon frère

phéromonant mes 12 ans 

si ce n’était que cela


vastes champs entourent

l’enclave anglo-italienne

criquets à foison 

stridulant à l’unisson

on ne sait pas pourquoi

ça frise l’un des sens

il y en a un 

déboussolé

qui nous cric-cric 

planqué toute la nuit

dans un racoin de la toilette

nous rendant complètement

larry-bouldingues

si ce n’était que cela


activités de toutes sortes

fixer le display à bonbons 

du dépanneur

pendant une heure

faire des jumps de evel knievel

avec mon bécykapédales

préparer un barbecue de fourmis

avec ma loupe

balancer des pétards à mèche

dans le couloir

scrutant le ciel de nuit 

je cherche des ovnis

espérant me faire kidnapper

il n’y a que la lune béate et plate

si ce n’était que cela


je me fais des amis

il y a keith, greg et carl

peter, steve, phil, mike et tony

sur mon pick-up garrard

les vapeurs de carpet crawlers

d’abbadon’s bolero

blastés sur un moyen temps 

ont le don de faire

tilter maman

l’album de beau dommage 

tous-les-palmi-tous-les-palmi-tous-les-palmi

qui saute sans arrêt

il y a bob morane et l’ombre jaune

les signe de piste

qui contredisent 

cette enfance de malheur

si ce n’était que cela


il y a surtout 

qu’un jour je croise

au hasard de la rue

un clan de jeunes italos

pour épater la galerie

le chef se mouche 

vigoureusement

dans mon chandail


bâtard

you know who you are